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Coup de gueule
En ce moment on voit partout sur les réseaux sociaux une vidéo, "Le révolutionnaire", où un petit garçon explique que l'école n'a rien à voir avec la vie, que c'est l'absence de liberté, le dressage. La mort de la joie de vivre, de la créativité, de l'envie.
Je suis très agacée par la vitesse à laquelle ce bashing circule, est liké, commenté par des "Il a tout compris",...
Agacée parce que c'est toujours très facile de taper sur l'école, ça défoule, pour certains ça permet de se venger. Et puis tout le monde étant allé à l'école, tout le monde se croit spécialiste et qualifié pour porter des jugements, même péremptoires, sans la moindre nuance et non documentés.
Entendons-nous bien, je ne dis pas que notre école est parfaite. Je suis la première à m'énerver, me désespérer parfois, à revendiquer une école bienveillante et nourrissante pour mes enfants.
Mais je ne jette pas le bébé avec l'eau du bain :
1/ Il est facile pour des bobos éduqués d'imaginer une vie sans école pour leurs enfants. Ces gamins-là sont tombés dans la marmite quand ils étaient petits, ils apprendront toujours et s'en sortiront de toute façon. Mais pour les parents de certains"quartiers", l'école, c'est ce qui va donner à leurs gamins les codes culturels qu'eux n'ont pas forcément, et qui permettront à leurs enfants de se faire une place plus confortable que la leur. On leur doit une école de qualité, évidemment, une école émancipatrice, constructive. Mais il est difficile de nier que l'avenir de ces gamins passe en grande partie par l'école. Et leurs parents, eux, ne nous crachent pas dessus, mais placent leur confiance en nous. Ce qui nous donne de grosses responsabilités dont nous sommes douloureusement conscient(e)s.
2/ D'où parlent ces critiques péremptoires ? Depuis quand n'ont-ils pas mis les pieds dans une classe ? L'école des enfants assis en rang, sans bouger, auxquels on accorde juste le droit de respirer, elle est en réalité, (heureusement) impossible de nos jours. Les gamins d'aujourd'hui ne se laissent pas faire, et les enseignants sensés (la grande majorité) ont mis en place d'autres modèles, d'autres fonctionnements, ne serait-ce que par instinct de survie... Je participe, souvent sur mon temps et mes deniers perso, à des formations en communication non violente, développement de l'autonomie, pédagogies coopératives ... Les réservations pour ces stages sont toujours pleines en quelques heures et on y rencontre des enseignants passionnés, foisonnants d'idées, en recherche de tout ce qui peut être bénéfique pour leurs élèves, bien plus calés sur les dernières découvertes des neurosciences affectives et le développement des enfants que leurs détracteurs.
Beaucoup reprochent - souvent à tort- à l'école de ne pas faire ce qu'eux mêmes ne font pas avec leurs propres enfants et leurs semblables. La société ferait bien de balayer devant sa porte avant de tirer sur l'école à boulets rouges. Une évolution est en marche à l'Ecole, et quand ces élèves seront adultes et porteront un autre modèle, moins compétitif, moins pyramidal, plus égalitaire , avec d'autres attentes que le profit immédiat et unilatéral, pas sure que les Bobos et autres donneurs de leçons apprécieront tant que ça...Les enseignants sont les premiers à rêver d'une école de qualité. Ça serait bien, sinon de les soutenir, au moins de leur épargner les reproches et les sarcasmes permanents.
Quant à mes pauvres élèves maltraités par l'école, beaucoup sont tristes quand les vacances arrivent et les trouvent trop longues.
Le syndrome de Stockholm sans doute ?
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Commentaires
Je n'ai pas encore vu cette vidéo, mais c'est un très bel article.
Par contre, des donneurs de leçons, j'en ai croisés sur FB, dont un dernièrement .... Pfff, le dialogue n'est pas possible ! On est nuls et on n'arrête pas de se plaindre ! Tu as beau expliquer, les gens fermés restent fermés ! Ignorons-les !!!